Un texte de HANS URS VON BALTHASAR

 

Né le 12.8.1905 à Lucerne, mort le 26.6.1988 à Bâle. Avec Adrienne von Speyr, il fonde en 1945 un institut séculier, la communauté Saint-Jean. Conférencier infatigable, auteur d'innombrables publications philosophiques et théologiques, directeur d'une maison d'édition à Zurich, puis à Bâle, il s'est attaché à transmettre l'héritage spirituel occidental. Il a trouvé son inspiration théologique et sa ligne directrice auprès des pères de l'Eglise, des grands mystiques et des saints. Mais il était également attentif, d'un point du vue théologique, à la littérature de son temps, particulièrement celle du renouveau catholique. Il fut l'un des pionniers du concile Vatican II. En critiquant avec acuité les évolutions postconciliaires, il acquit une audience internationale. Sa plume extraordinairement féconde - plus de cent volumes, nombre d'articles, outre les oeuvres littéraires et théologiques qu'il a traduites de plusieurs langues européennes - frappe aussi par sa variété. Appelé au cardinalat par le pape Jean-Paul II le 28 mai 1988, il mourut trois jours avant de recevoir la barrette.

 

 

Il nous parle de Marie, gardienne de la Parole

 

Parce qu'elle [Marie] est vierge, c'est-à-dire auditrice exclusive de la Parole, elle devient mère, lieu de l'incarnation du Verbe. Son sein n'est bienheureux que parce qu'elle a entendu et gardé la parole de Dieu (Lc Il, 27-28), parce qu'elle a conservé et médité toutes les paroles dans son coeur (Lc 2, 19, 51). Toute contemplation doit toujours prendre Marie comme modèle.L'être qui écoute, absolument parlant, est la Vierge qui devient enceinte du Verbe et l'engendre comme son fils et comme le Fils du Père. Mais, bien qu'elle soit mère, elle reste servante; le Père seul est le Maître, avec le Fils qui est la vie de Marie et modèle cette vie. Marie est fonction du fruit de son sein. Même après l'avoir engendré, elle le porte en elle; elle n'a qu'à regarder dans son coeur qui est plein de lui, pour le trouver.De plus en plus elle ne comprend pas ce qu'il a dans l'esprit, lorsqu'il la laisse dans le Temple sans l'avertir, ou ne la reçoit pas quand elle vient lui rendre visite, ou cache sa puissance dans sa vie publique et sacrifie sa vie, et lorsque finalement il lui échappe encore au pied de la croix, en lui donnant un fils étranger, Jean, à sa place. Elle écoute, de toutes les forces de son corps, le Verbe qui retentit, et la conduit " où elle ne veut pas ". Mais elle est d'accord avec cette conduite, tant la Parole qu'elle aime est ensemencée dans son coeur (Jc 1, 21).

 

HANS URS VON BALTHASAR
" La prière contemplative "