SYMEON, LE NOUVEAU THEOLOGIEN

 



Sa vie

Syméon est né en 949 à Galate, petit ville d’Asie Mineure. Jeune homme très doué appartenant à la noblesse, il fut appelé à de hautes fonctions impériales à Constantinople, il refusa cependant une carrière à la cour, préférant mener une vie de désordre.
Il abandonne ses études pour fréquenter le monastère de Stoudion (963) où il y fait la connaissance de Syméon le Pieux (ou le Studite) qui lui donne le désir et le goût de la vie parfaite, lui révélant une autre vie, toute intérieure et plus enrichissante. Malgré une vie mystique très profonde, il n'en retombe pas moins dans ses errances.
Converti à nouveau, il entre au Studion (977) pour ne plus tomber et espérant vivre aux côtés de son Père spirituel. Au monastère, refusant de se plier à l'observance stricte de la Règle, il n’est pas accepté par la communauté, en est chassé et est transféré au monastère de Saint Mamas. C’est un petit monastère en pleine décadence ; l’higoumène (le supérieur) l’ordonne prêtre en 980. A la mort de celui-ci, il en devient l'higoumène. Embrasé d'amour pour Jésus, son Seigneur, qui l’entraîne au cœur du mystère de la sainte Trinité, il entreprend de réformer sa communauté par des catéchèses et des enseignements rigoureux. Cela dérange une trentaine de moines qui tentent de le supprimer. A cause de son obstination à revendiquer la possibilité de la vision de Dieu dès cette vie et d'une expérience directe de l'Esprit-Saint, ses responsables, en haut lieu, (Etienne, métropolite de Nicomédie) le contestent et le désavouent et bien qu’il ait transformé Saint-Mamas en un centre de sainteté et de rayonnement spirituel, il finit par s'en faire exclure. Exilé à Chrysopolis (Scutari) en un lieu nommé Paloukiton à l’oratoire de Sainte Marine, sur la côte d’Asie, il y meurt entouré de quelques disciples, bien que réhabilité par le Patriarche.

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Son œuvre et sa doctrine.

Il communique son expérience spirituelle à travers quelques écrits( hymnes et catéchèses).
Le christocentrisme de Syméon est perceptible dans toute son œuvre. « C’est le Christ qui, pour toi, deviendra tout.(Catéchèse 2) Il a rencontré le Christ et fut transformé par lui. D’un long regard amoureux il contemple celui qu’il aime.
Dévoilant la soif de son âme,il veut faire partager à tous les merveilles qu’il a contemplées dans ses expériences mystiques.
Le christocentrisme de Syméon est perceptible dans toute son œuvre. « C’est le Christ qui, pour toi, deviendra tout.(Catéchèse 2) Il a rencontré le Christ et fut transformé par lui.
L’Esprit Saint occupe une grande place dans sa vie. Pour lui, le Christ lui devient intime par l’Esprit Saint.
Syméon n’a pas écrit de traité spécifique sur la prière, il était prière. Quelques versets de sa prière mystique nous montreront l’intensité de son désir.
« Viens, lumière véritable. Viens, vie éternelle. Viens, mystère caché….Viens, joie éternelle. Viens toi qu’a désiré et désire mon âme misérable…Viens ma joie, ma gloire, mes délices sans fin. Je te rends grâce d’être devenu un seul esprit avec moi…Je te rends grâce d’être pour moi devenu lumière sans couchant, soleil sans déclin. (Prière Mystique)
- Syméon le Nouveau Théologien – Prière Mystique – Foi Vivante n°195
- Syméon le Nouveau Théologien – Chapitres théologiques gnostiquse et pratiques –Ed du Cerf 1996
C'est l'un des plus grands mystiques byzantins, ce qui lui valut son surnom de "théologien - le contemplatif de Dieu."
Récemment, durant l'audience générale du 16 septembre 2009, le Pape Benoît XVI a tracé le portrait de Siméon le Nouveau théologien .
 Le Saint-Père a rappelé que "le saint moine oriental appelait tous à être attentif au spirituel. Si à juste titre on se préoccupe de notre croissance physique et intellectuelle, il est encore plus important de ne pas négliger notre croissance intérieure, qui consiste dans la connaissance de Dieu et dans sa communion, dans l'expérience de son aide constante et totale". Rappelant aussi que Siméon "trouva la preuve de ce que l'amour est la source de l'expérience de l'action du Christ dans notre âme", il a souligné combien "l'amour de Dieu grandit en nous si nous lui restons unis dans la prière et dans l'écoute de sa Parole. Seul cet amour divin ouvre nos coeurs à autrui, nous sensibilise à ses besoins, nous rend frères en nous invitant à répondre par l'amour à la haine, par le pardon à l'offense". Dans sa jeunesse, le futur théologien "trouva un directeur spirituel qui l'aida grandement et pour qui il garda toute son estime". Ce type de lien est toujours valable, "pour les prêtres, les consacrés ou les laïcs, les jeunes notamment, invités à recourir aux conseils d'un père spirituel capable d'accompagner chacun dans une meilleure connaissance de soi-même, de conduire chacun vers l'union personnelle avec le Seigneur, de manière à ce que toute vie soit mieux conforme à l'Evangile... Pour aller vers Dieu, on a toujours besoin d'un guide, d'un dialogue. Ce n'est pas possible avec la seule aide de nos raisonnements. Là -a conclu- Benoît XVI, "se trouve également le sens de l'ecclésialité de notre foi, la rencontre d'un guide".
(source: VIS 090916 430)

Celui qui regarde en arrière est
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Texte de St. SYMÉON le Nouveau Théologien


Catéchèse III (1re partie)

Pour ouvrir le trésor des Saintes Écritures

Sur la connaissance spirituelle.
Que le trésor de l'Esprit, caché dans la lettre de la divine Écriture, n'est pas apparent pour tous, encore qu'ils le veuillent, mais seulement pour ceux qui possèdent « celui qui ouvre l'intelligence pour comprendre les Écritures »

Frères et Pères, la connaissance ressemble à une maison construite au milieu de la connaissance mondaine et païenne, et dans laquelle, comme un coffre solide et bien gardé, la connaissance des Ecritures divinement inspirées et le trésor d'ineffable richesse qu'elle enferme sont mis en dépôt, - richesse que jamais ceux qui entrent dans la demeure ne pourront contempler, sauf bien sûr si le coffre leur est ouvert. Mais il n'appartient pas à l'humaine sagesse de jamais arriver à l'ouvrir, et c'est pourquoi demeure inconnue à tous les hommes du monde la richesse en lui déposée de l'Esprit.
     Mais un homme chargerait-il le coffre même, tout entier et le porterait-il sur ses épaules, qu'il ignore (encore) le trésor qui y est déposé ; de même aussi lirait-il et apprendrait-il par cœur, dans leur totalité, les Écritures, et les porteraient-il avec lui comme un seul Psaume, l'homme ignore le don du Saint-Esprit qui y est dissimulé . Car ce n'est ni par le coffre que le contenu du coffre, ni par l'Écriture que le contenu de l'Écriture est rendu manifeste.
     Comment est-ce donc ? Écoute.
Tu vois un petit coffre solidement fermé de tout côté et autant que tu peux supposer d'après son poids et son élégance extérieure, ou simplement croire d'après ceux qui t'en parlent - qu’il enferme à l'intérieur un trésor, tu auras beau le prendre en hâte et t'en aller : quel profit, dis-moi, trouveras-tu à le porter toujours avec toi, scellé et fermé, sans l'ouvrir ? Tu ne verras jamais, en cette vie, le trésor qui est dedans, tu ne contempleras pas les feux de ses pierreries, l'orient des perles, l'éclat fulgurant de l'or.
     Qu'y gagneras-tu, si tu n'es pas jugé digne d'en prendre la moindre partie pour acheter un peu de nourriture ou de vêtement, mais que, tout en portant comme j'ai dit le coffre parfaitement scellé qu'emplit le trésor immense et sans prix, toi-même tu succombes à la faim, à la soif et à la nudité ? Rien ! un point c'est tout.
     Crois-moi donc, Frère, transpose cela, dans les réalités spirituelles : vois, je te prie, dans le coffre, l'Évangile du Christ et le reste des divines Écritures qui ont, enfermée et scellée en elles, la vie éternelle et, avec elle, les biens éternels qu'elle enferme, biens ineffables et qui échappent aux regards sensibles, selon la parole du Seigneur : "Scrutez les Écritures, parce qu'en elles est la vie éternelle.» Quant à l'homme qui porte le coffre, suppose que c'est celui qui a appris par cœur les Écritures tout entières et les a sans cesse sur la bouche. Il les porte donc comme dans le coffre de la mémoire de son âme, coffre qui contient, comme des pierres précieuses, les commandements de Dieu, où réside la vie éternelle, car les paroles du Christ sont lumière et sont vie, comme lui-même le dit : «Qui désobéit au Fils ne verra pas la vie », et avec les commandements, comme des perles, les vertus.
Car des commandements (naissent) les vertus et, de celles-ci, la révélation des mystères que la lettre cache et voile. Car, par l'accomplissement des commandements, se fait la mise en œuvre des vertus et, par la pratique des vertus, l'accomplissement des commandements ; et par ceux-ci, alors, nous est ouverte la porte de la connaissance ; par eux, non, mais plutôt par Celui qui a dit : «Qui m'aime gardera mes commandements, et mon Père l'aimera, et moi-même je me manifesterai à lui ». Lors donc que Dieu habite et se promène en nous et se manifeste lui-même sensiblement à nous, c'est alors que consciemment nous contemplons ce que le coffre, c'est-à-dire la divine Écriture, contient de divins mystères cachés. Autrement, il est impossible, que nul ne s'y trompe, de voir s'ouvrir le coffre de la connaissance et de jouir des biens qu'il enferme ou d'arriver à y participer et à les contempler.
     Mais que sont donc et en quoi consistent les biens dont je parle ? La charité parfaite, c'est-à-dire s'adressant à Dieu et au prochain, le mépris de tout ce qui est visible, la mortification de la chair et de ses membres qui sont sur la terre, et jusqu'à celle du désir mauvais, afin que, pas plus que le cadavre n'a la moindre idée ou sensation de quoi que ce soit, nous non plus ne formions aucune pensée de mauvais désir ou de sentiment passionné, absolument jamais, ni ne ressentions la tyrannique pression du mal, ni n'ayons autre chose en mémoire que les commandements du Christ sauveur ; c'est aussi l'immortalité, l'incorruption, !a gloire sans fin, la vie éternelle, le Royaume des cieux, l'adoption par la régénération due au Saint-Esprit ; c'est que nous devenions, nous, des dieux, par disposition et par grâce, que nous sommes appelés héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, et avec cela recevions l'intelligence du Christ et par elle voyions Dieu et le Christ lui-même, habitant selon sa divinité et se promenant de façon consciente, en nous. Tout cela et, encore au-dessus, ce qui est ineffable et inexprimable, pour les auditeurs et exécuteurs des commandements de Dieu, dès que s'ouvre le coffre dont nous avons parlé, c'est-à-dire que les yeux de l'intellect sont découverts et voient ce qui est caché dans la divine Écriture, c'est cela la dignité qui leur échoit et la richesse dont ils entrent en jouissance. Quant aux autres, sans connaissance ni expérience de tout ce que j'ai dit, ils ne goûtent pas à cette douceur, à cette vie immortelle, appuyés qu'ils sont sur le simple fait d'avoir appris les Écritures, sur cela même qui les accusera et les condamnera, à leur trépas, bien davantage que ceux qui n'ont jamais rien entendu des Écritures. Les voilà, en effet, ces gens dont certains, égarés par l'ignorance, torturent toutes les divines Ecritures  en les interprétant selon leurs désirs passionnés, ne cherchant qu'à se faire valoir, comme si en dehors de l'exacte observation des commandements du Christ ils allaient se sauver, ce qui est tout simplement renier le sens des saintes Écritures.
St. SYMÉON le Nouveau Théologien
Catéchèse III (1re partie)
Sources Chrétiennes n°113, P.35-43



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