A propos de la quatrième
guérison.....
Le relèvement du paralysé
La quatrième guérison, c'est la prise de conscience
de sa propre paralysie. À la quatrième guérison,
l'homme sait qu'il ne peut rien par lui-même.
"Et il en vient qui lui amènent un paralysé qui est
soulevé par (les) quatre. Et ne pouvant le porter
auprès de lui à cause de la foule, ils ont
défait le toit là où se trouvait, et ayant fait
un trou, ils font descendre le grabat où le paralysé
était couché. Et Yéshoua` voyant leur foi dit au
paralysé: Enfant, tes péchés sont remis. Or se
trouvaient-là quelques-uns des scribes qui étaient
assis et qui ruminaient dans leur cur: Pourquoi parle-t-il
ainsi celui-là, il blasphème! Qui peut remettre les
péchés, sinon Dieu seul? Et aussitôt,
Yéshoua`, percevant en son souffle qu'ils ruminent ainsi en
eux-mêmes, leur dit: Pourquoi ruminez-vous ceci en vos
curs? Quel est le plus facile? Dire au paralysé: Tes
péchés sont remis ou dire: Relève-toi,
soulève ton grabat et marche? Or, pour que vous sachiez que le
Fils de l'Homme a autorité de remettre les
péchés sur la terre, il dit au paralysé: Je dis
à toi: Relève-toi, soulève ton grabat et pars
dans ta maison. Et il s'est relevé et aussitôt,
soulevant son grabat, il est sorti en présence de tous. De
sorte que tous étaient hors d'eux-mêmes et glorifiaient
Dieu en disant: Nous n'avons jamais vu cela."
Remarque : Il n'y a pas "les quatre". Le texte dit: "il est soulevé
par quatre", et ne dit rien de plus. Dans d'autres traditions, on a
"quatre hommes". Nous qui récitons Saint Marc, nous savons qui
sont ces quatre.
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Je ne peux que vous inviter, quand vous chanterez cette
guérison, de voir la récurrence des formules qui sont
employées:
"relève-toi, soulève ton grabat et marche...
relève-toi soulève ton grabat et pars dans ta maison...
soulevant son grabat, il est sorti en présence de tous"
Alors, on se pose la question : Qu'est-ce que ça veut dire?
"relèvetoi"
C'est un geste de relèvement, de résurrection. Le
mort va se relever. Ce n'est pas l'ultime relèvement dont nous
serons l'objet les uns et les autres. Tout homme sera relevé
à la fin des temps. Mais ici, c'est un relèvement
intermédiaire.
"soulève ton grabat"
Qu'est-ce que ça veut dire? Au sens littéral, c'est:
"Prends ton lit, mets-le sous le bras et pars avec". Mais au sens
allusif, le grabat, c'est la lourdeur de la chair, la faiblesse de
l'homme parce qu'il n'est pas Dieu. Cela, l'homme le porte toute sa
vie. Et il est capable de le porter parce que Dieu le dit.
Vous savez que Dieu donne toujours des ordres impossibles, parce
que s'Il donnait des ordres possibles, on pourrait le faire par
nous-mêmes. Mais Il donne des ordres impossibles parce qu'Il
veut que nous agissions par sa puissance à Lui. Et sa
Puissance à Lui en nous, nous permet de porter ce grabat. Nous
pouvons le porter. Ce n'est pas le grabat qui nous porte comme pour
la plupart des gens.
Pour la plupart des gens, c'est le grabat qui les porte car ils
suivent le désir de la chair. Nous ne sommes pas
obligés de suivre les désirs de la chair quand le
Christ est en nous. Il nous a relevés, donné la vie et
une vie qui n'est pas encore en plénitude mais qui est en
gestation. Et Il nous donne la possibilité de porter ce grabat
à travers notre existence. C'est Lui qui a donné
l'ordre, c'est Lui qui donne la force.
"soulève ton grabat et marche" puis il dit "pars dans ta
maison.." et puis "il est sorti"
Vous allez faire attention à cela. C'est une question de
méthode de lecture. Quand on récite, on est
invité à regarder de plus près.
"soulève ton grabat et marche". Je viens d'en parler : hors
du Seigneur, impossible par l'homme lui-même, mais dans la
force du Seigneur, il peut marcher à travers sa vie, avec la
lourdeur de sa chair et sa faiblesse, il peut et sans suivre le
désir de la chair. Il peut le porter, il est rendu capable
dans la force de Dieu. Mais après il dit: "pars dans ta
maison..."
Qu'est-ce que ça veut dire?
La maison dans le monde ancien.
Toutes nos maisons sont de petites Églises. Ici, il
reçoit l'ordre, je dirais, d'être le prêtre au
milieu de ses enfants, le prêtre au milieu de son Eglise
domestique. Je ne dis pas qu'il va célébrer la messe,
ce n'est pas son rôle dans ce sens. Mais il va annoncer la
Parole de Dieu aux siens. Il reçoit l'ordre d'être le
père de sa famille, d'accomplir sa mission de
paternité.
Ce sont des formules qui se répètent tout au long du
texte. "Partir dans sa maison" : c'est prendre sa place dans sa
maison, comme l'ancien, comme le maître de maison; accomplir
cette responsabilité, au milieu des siens. Nous pouvons
réfléchir sur le contexte de la maison dans le monde
ancien, dans un monde traditionnel. Ce n'est pas papa, maman, la
bonne et moi... !! Ce n'est pas notre façon actuelle de vivre.
Une maison ancienne, c'est un tout autre mode de vie. C'est une
grande famille où l'ancien a une place bien précise et
des fonctions bien précises et qui sont aussi sacerdotales,
pas dans le sens de sacerdoce institué, mais sacerdotales au
sens général. Une fonction, une mission d'instruction,
de partage de vie, de célébrant parce que le
père de famille célèbre aussi d'une certaine
façon, de présider la table, de veiller à la
transmission des traditions, d'enseigner et de contrôler la vie
de sa maison etc. C'est cette mission qu'il reçoit. Ce n'est
pas rien.
Après on dit: "et il est sorti en présence de tous"
Qu'est-ce que ça veut dire?
Sens du verbe sortir
Au sens littéral, c'est quelqu'un qui quitte la
pièce, très content d'être guéri ; il
prend les deux ou trois bâtons qui sont le lit ancien, et il
s'en va vite. Cela ne veut pas dire cela. Évidemment, c'est
cela aussi, il s'en va.
Mais "sortir", ça nous rappelle quoi? C'est un des verbes
les plus importants de l'Ecriture.
Sortir a un sens très précis dans l'Ecriture. La
plupart du temps, ça rappelle la naissance. Naître,
c'est sortir du sein maternel, c'est couper le lien etc... ce n'est
pas le moment d'en parler.
Dieu commence toujours par faire sortir. Toute l'histoire du Salut
est une répétition de ce "sortir". On pense à
Abraham; on pense au peuple juif entré dans le désert.
On pense à Élie dans sa caverne etc. C'est toujours
sortir, sortir, c'est-à-dire naître et naître
encore. C'est un verbe qui pèse très lourd dans
l'Écriture, qui a beaucoup d'harmoniques. C'est un verbe d'un
extraordinaire concrétisme.
La guérison se termine en disant: "nous n'avons jamais vu
cela".
Tout le monde est dans l'étonnement. Les gens
s'étonnent; ils sont émerveillés et même
ils glorifient Dieu. Mais ils ne suivent pas, ils restent
indécis. Et nous rencontrerons cela dans la suite de
l'Évangile. Ils veulent bien guérir, ils sont contents
qu'il y ait un médecin, mais changer de vie, non.
Il ne suffit pas de glorifier Dieu. Ceux-là l'ont fait
aussi. Ils sont "hors d'eux-mêmes; "extasis" en grec, dans
l'extase, extasiés. Ils glorifient Dieu.
En ce qui concerne la quatrième guérison, je n'ai
pas beaucoup insisté sur le rétablissement des
relations rompues. Dans la quatrième guérison, il est
insisté sur le rétablissement de la relation avec soi.
Quand la relation avec Dieu est rompue, l'homme n'a plus de
relation avec lui-même. Il ne se connaît plus. Comme je
dis: Il a mis le couvercle sur l'abîme.... et il n'a plus
accès à son propre fond. Ainsi beaucoup de psychoses,
de névroses, d'angoisses, qui sont tellement communes
aujourd'hui chez nos contemporains, viennent de leur manque de
relation avec Dieu. Et quand on tourne le dos à Dieu, on
tourne le dos à soi. On n'a plus d'accès à
soi-même parce que seul Dieu peut nous révéler
à nous-mêmes. Ce qui est notre véritable mission
et notre fonction dans la création, ce pour quoi Il nous a
faits, la place que nous devrions occuper dans ce monde. Seul Dieu
peut le dire, l'homme ne le sait pas par lui-même. Et donc, il
s'éloigne de lui-même.
Et ici, dans cette quatrième guérison, où
l'homme accepte sa propre mort, se confie totalement à
l'Eglise. Il vit cette expérience d'être mort mais aussi
de ressusciter et de commencer une nouvelle vie "enfants, tes
péchés te sont remis".
C'est-à-dire : Il commence à entrer dans une vie de
régénération et Dieu le révèle
à lui-même. Il commence à avoir cette nouvelle
relation avec Dieu, avec autrui donc aussi avec soi.
(Extrait d'enseignements de Bernard FRINKING
sur le collier de
guérisons dans Saint Marc)