LA PAROLE, EN QUATRE NIVEAUX DE LECTURE
Les Pères de
l'Église lisaient la Parole à 4 niveaux.
1er niveau : PSCHAT Le sens LITTÉRAL
racine hébraïque : dépouillé,
ôté de la peau
Dans le sens littéral, on recherche l'anecdote : on raconte
"l'histoire". On s'intéresse à ce qui est écrit,
aux gestes, aux lieux décrits. Même les gestes
quotidiens ont un sens : rien dans la Parole qui n'ait pas de
sens.
Beaucoup de questions sont déjà ainsi posées.
On recherche une signification simple.On accepte ce qui est dit et
seulement ce qui est dit.
On constate que certaines choses ne sont pas dites . Alors on pose
la question : pourquoi ce n'est pas dit ?
On fait une lecture positive mais aussi, une lecture des hiatus,
des coupures, de ce qui semble anormal et peut-être en
contradiction apparente.
2ème niveau : REMEZ Le sens ALLUSIF
racine hébraïque : sucer, presser un objet pour en
faire sortir le suc.
Dans le sens allusif , on se dit : à quoi ce texte fait-il
allusion ? à quoi cette histoire fait-elle allusion ?
Qu'est-ce que ça me rappelle ?
On recherche des formules identiques dans d'autres textes :
allusion par identité de formules. Tel mot en rappelle un
autre, telle situation en rappelle une autre , etc...
Allusion donc à d'autres passages qui ont
précédé ( Ancien ou Nouveau Testament) et
où on a utilisé les mêmes formules ou allusion
à des passages qui viennent après. ( pour le rabbi, il
n'y a pas de temps : il n'y a ni avant ni après.) Par exemple,
s'il est question de la brebis, on se dit : la brebis c'est quoi dans
la Bible ? Où est-ce qu'on en parle ?
3ème niveau : DARASH Le sens
SOLLICITÉ
racine hébraïque : chercher, interroger
Dans le sens sollicité , on interroge le texte en
particulier sur ce qu'il ne dit pas, mais qu'il suggère.
Souvent, le Seigneur se contente de suggérer, il ne dit pas
tout ouvertement, par miséricorde. Il cache même ce qui
est le plus important, pour que nous cherchions, pour que nous lui
demandions : Que veux-tu dire ,Seigneur ? Nous interrogeons les
"blancs" laissés dans le texte. Ce qui est dit conditionne ce
qui n'est pas dit ouvertement.
C'est la science de lire les silences. Un espace
délimité par le texte nous est donné à
vivre, à découvrir. En quoi ce texte m'interroge
aujourd'hui ?
Le commentaire qui interprète le texte librement mais sans
le contredire et qui rajoute des détails supposés
devient un " Midrash ".
Le " Midrash" est un commentaire rabbinique de
l'Écriture.
Nous avons un exemple de Midrash en Sagesse 16.
4ème niveau : SOD Le sens SECRET
racine hébraïque : mystère, sens
caché
Pour trouver ce sens caché, je dois avec humilité
rentrer dans le sens concret . La trajectoire de ce qui est dit
concrètement révèle une autre trajectoire, d'un
autre niveau, caché, celui-là, que la
répétition et la gestuation m'aideront à
découvrir. Dans une parabole, tout est dit sur le
Mystère. Dans une guérison, tout est dit. " Qui cherche
trouve " .
Le sens secret c'est le sens qui jaillit quand la lumière
se fait en soi, c'est le sens intime entre Dieu et son
écoutant. Dieu montre un chemin de compréhension parce
que concrètement Il invite à passer dans une voie
nouvelle. C'est une expérience indicible qui est vécue
le plus souvent au plus intime de nous-mêmes.
"Celui qui entrera découvrira "ce vin qui réjouit le
cur de l'homme " , il goûtera un avant-goût de la
béatitude du ciel."
J'apprendrai comme le disciple l'incommunicable.
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